CINQ COLONNES A LA UNE

Premier grand magazine d'information de la télévision française, CINQ COLONNES A LA UNE aura tenu le haut du pavé médiatique pendant dix ans, en traversant ainsi les années 60 aux travers de 103 émissions qui auront distillé sur le petit écran, avec une très grande liberté de ton et une totale indépendance éditoriale par rapport au pouvoir politique en place, un certain regard sur le monde. Une formule à succès maintes fois reprise par la suite, qui continuera ainsi d'inspirer des décennies plus tard des émissions de reportages à succès comme ENVOYE SPECIAL.
Avec plus de 16 heures de programmes, l'INA vient d'éditer une compilation gargantuesque de ce rendez-vous phare de la RTF, regroupant plus de 50 reportages signés par quelques grands noms du journalisme et des médias, comme PHILIPPE LABRO ou IGOR BARRERE.
Ce coffret 5 DVD au contenu très éclectique, destiné à toute la famille, dresse un portrait souvent franchouillard et caustique (on comprend bien ici que le syndrome du français raleur n'est pas une légende...), mais aussi parfois émouvant, de notre chère France profonde, bourgeoise ou rurale des années 60. Avec ses interrogations, ses réussites et ses échecs, c'est toute la société en pleine mutation des trente glorieuses qui vient s'exprimer ici, au détour de nombreux témoignages, qui évoquent avec une clairvoyance rare des sujets sensibles comme la guerre d'Algérie, l'avortement, ou les méfaits de l'urbanisme. Au vu de toutes ces images extirpé d'un passé en noir et blanc un peu désuet, on mesure mieux aujourd'hui tout le chemin accompli à travers l'évolution sociale de ces cinquante dernières années.
Avec cette grosse anthologie, il y en a donc pour tous les goûts ici, et si par exemple la rubrique people très fournie, mais trop vieille écôle, n'a personnellement guère déclenchée notre enthousiasme, en revanche nous avons particulièrement apprécié les reportages fashions ou urbains du toujours très talentueux WILLIAM KLEIN, véritable esthète de l'image.
Au meilleur de cette rétrospective, nous avons également sélectionné le moyen métrage oscarisé, consacré à la guerre du vietnam, intitulé LA SECTION ANDERSON (1967), et les quatre superbes documentaires retraçant la condition des noirs-américains aux Etats Unis, et offrant pendant plus d'une heure un portrait unique en son genre sur Harlem, l'émergence du militantisme black power, et la vie dans le ghetto de Watts des sixties.

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