FEMINA RIDENS

Pour nous faire oublier l'effroyable bootleg sorti aux USA, les anglais de chez Shameless proposent enfin une édition DVD à la hauteur de FEMINA RIDENS (aka THE FRIGHTENED WOMAN aka THE LAUGHING WOMAN).
Le chef d'oeuvre sado-arty de PIERO SCHIVAZAPPA, disponible dans une copie director's cut restaurée, nous replonge dans les délires et les expérimentations graphiques d'un pop art au sommet de son excentricité, inspiré par NIKI DE SAINT PHALLE et JEAN TINGUELY.
Baigné d'une lumière volontairement clinique et harmonisé par une palette de couleurs glaciales et métalliques, FEMINA RIDENS n'a de cesse de destabiliser le spectateur en le transportant d'un univers ultra-stylisé à un autre, de l'antichambre d'un building fascisant et pompier symbolisant une multi-nationale prospère jusqu'au repère lounge et feutré d'un dangereux maniaque sexuel.
L'excellent soundtrack sensuel et groovy de STELVIO CIPRIANI achèvant de convaincre ici, si il en était besoin, que 1969 se sera inscrit définitivement comme l'année du septième art érotique italien.

JAZZ EN EL CINE NEGRO ESPANOL 1958-1964

Le label Fresh Sound a rendu hommage au cinéma noir espagnol de la fin des années 50 par le biais d'une habile compilation de soundtracks jazz entrecoupés de dialogues et d'ilustrations sonores extraits d'une dizaine de thrillers rares évoquant les bas fonds, le monde de la nuit et le milieu de la pègre ibérique.
Au travers d'un univers musical fortement inspiré par la popularité des bandes sonores en provenance d'outre-atlantique, ce CD nous présente ainsi la fine fleur des compositeurs latins, comme JOSE SOLA ou FEDERICO MARTINEZ TUDO, qui s'imposèrent dans le paysage musical du Barcelone de l'après guerre comme des émules latins de BUDDY MORROW, ELMER BERNSTEIN ou HENRY MANCINI. Les connaisseurs apprécieront...

THE GLORY STOMPERS

Après King Records, c'est au tour de la MGM associée à Fox de nous gratifier d'une nouvelle édition DVD japonaise de THE GLORY STOMPERS (1967), un des meilleurs films de bikers de cette si glorieuse époque des drive-in.
THE GLORY STOMPERS, véritable reflet de son époque, parvient à synthétiser avec brio en l'espace d'une heure trente tout ce que le genre a pu représenter pour les kids des années 60, en matière d'érotisme body painting, chevauchées motorisées, castagnes de blousons noirs et autres orgies rock'n roll. Pour le charme des go-go danseuses hippies se trémoussant sur les riffs de la guitare fuzz de DAVIE ALLAN, pour le charisme psychotique du méchant de service DENNIS HOPPER ou pour l'esprit savoureusement kitsch et faussement rebel qui se dégage de cette escapade nihiliste, cette production AIP mérite donc de figurer dans la vidéothèque de tous les sales gamins amateurs de culture beatnik qui se respectent. Messieurs les éditeurs, une sortie vidéo américaine ou européenne se fait donc désormais cruellement attendre, pour venir appuyer la distribution de cet import japonais à la qualité irréprochable.

NIKKATSU JAZZ SOUNDTRACKS

Le label japonais Think! a eu le bon goût de rééditer l'année dernière une sélection de soundtracks particulièrement rares, tous extraits du catalogue de la prestigieuse firme NIKKATSU, et présentés dans des packaging cartonnés colorés assez originaux.
Un double disque a été entièrement consacré au réalisateur KOREYOSHI KURAHARA, avec les trésors obscurs THE WARPED ONES (KYONETSU NO KISTSU 1960) présentant une bande son signée TOSHIRO MAYUZUMI, et BLACK SUN (KUROI TAIYO 1963) orchestré par le combo de MAX ROACH, accompagné ici par la fameuse chanteuse ABBEY LINCOLN.
Les deux autres titres de la collection sont dédiés à SEIJUN SUZUKI, avec TOUT VA MAL (SUBETE GA KURUTTERU 1960), un soundtrack signé KEITARO MIHO et NORIO MAEDA, et le cultissime LA MARQUE DU TUEUR (KOROSHI NO RAKUIN 1967) griffé par NAOZUMI YAMAMOTO.
Gageons que ces trois CD entièrement consacrés aux trésors du cinéma japonais pop raviront les amateurs d'un jazz sixties d'inspiration nouvelle vague aux cordes sautillantes et aux cuivres toujours chaleureux.

PLAYGIRL

En 1969, la TOEI lance coup sur coup PLAYGIRL et OO9.1, deux séries télévisées féministes qui vont très vite révolutionner l'univers du petit écran au pays du soleil levant, avant d'aller inspirer quelques années plus tard les américains et leurs fameuses drôles de dames de la saga CHARLIE'S ANGELS.
Si l'univers gentillet d'OO9.1 se veut plus pop et fashion, c'est PLAYGIRL qui remporte la palme de la série la plus délurée et avant gardiste de son époque, avec 387 épisodes hauts en couleurs qui s'étaleront sur 5 saisons (1969 à 1974).

MASAKO TOGAWA incarne une élégante et richissime romancière fondatrice d'une agence de détective composée d'enquêtrices de choc et de charme, tireuses d'élites et expertes en arts martiaux.
Au nombre des 21 jeunes héroïnes qui se succéderont au fil des épisodes, on notera la présence de starlettes TOEI en vogue à l'époque comme BUNJAKU HAN ou REIKO OSHIDA, aperçues dans des films de délinquence juvénile de la même époque (STRAY CAT ROCK, DELINQUENT GIRL BOSS...) qui emprunteront eux-même beaucoups à l'univers de la série.
C'est également une des vedettes de cette longue saga, la chanteuse de jazz TAMAKI SAWA, qui fredonnera à partir de l'épisode pilote le fameux générique très groovy qui servira d'ouverture à chacune des aventures humoristiques et sexy de PLAYGIRL.
Après des débuts assez sages, PLAYGIRL deviendra au fil des ans de plus en plus polissonne, se permettant de distiller quelques scènes de nudités assez osées pour un programme du petit écran.
Pour renouer avec le succès phénoménal de sa série mythique, la TOEI lance en 1974 la série spin-off PLAYGIRL Q, un produit dérivé commercial qui avortera dès la deuxième saison.


CROWN PICTURES INTERNATIONAL

Nous avions déjà évoqué ici le dépoussiérage du catalogue du distributeur CROWN PICTURES INTERNATIONAL par le label BCI qui nous a valu de découvrir ces derniers mois quelques raretés bien sympathiques de l'âge d'or des Drive-In américains...
Entre les rééditions de beach movies crétins et autres films de pom pom girls délurées produite à la fin des années 70 par la firme couronnée, nous nous devions de signaler pour la forme la réapparition sur le marché de la vidéo de deux teenage-movies que l'on qualifiera d'obscurs curiositées à défaut de pouvoir les cataloguer dans la rubrique des films cultes...
Avec un scénario des plus anémique et une réalisation particulièrement poussive et statique, TRIP WITH THE TEACHER (1975) se révèle en effet malheureusement dès plus ennuyeux, malgré la présence groovy du charismatique ZALMAN KING dans le rôle d'un biker psychotique.

La surprise nous viendrait donc plutôt ici de BEST FRIENDS (1975), un petit road movie initiatique à la photographie particulièrement léchée qui dresse un portrait tout en finesse d'une certaine jeunesse américaine avide de liberté et d'émotions fortes.
Pour la beautée des grandes rocheuses du Colorado entre autres, et aussi par ce qu'un film qui nous présente RICHARD HATCH (de la série GALACTICA) au prise avec une horde d'indiens déchainés dans un bar de go-go danseuses ne peut pas être tout à fait mauvais, le visionnage du premier long métrage du talentueux NOEL NOSSECK (qui signera par la suite le très bon Blaxploitation YOUNGBLOOD) s'impose ici à tous les amateurs de curiosités des années 70.

MACON COUNTY LINE

Qui se souvient aujourd'hui de MACON COUNTY LINE (1973), petite série B estampillée Redneck Exploitation qui, fort d'un certain succès à l'époque dans les drive-in américains, tenta de s'imposer pendant quelques mois au box office comme le digne successeur de BILLY JACK et WALKING TALL ?
Warner Vidéo vient de déterrer assurément là un des plus sombres opus du genre, un drama dépressif et poisseux conçu comme un road movie en fin de course qui voudrait réinventer dans la douleur les codes d'un genre tombé en panne sèche après l'avènement d'EASY RIDER et TWO LANE BLACKTOP.
Embourbé ainsi dans la désespérance, et la noirceur du vieux sud, RICHARD COMPTON dresse un portrait sans concession de l'Amérique rurale du début des années 50 au service d'un véritable réquisitoire contre la violence absurde, la libre circulation des armes à feu et la bigotterie raciste : des thèmes qui n'ont malheureusement pas pris une seule ride plus de trente ans après...
On nottera que les chansons soul folk très pêchues du film sont interprétées par BOBBIE GENTRY, accompagnées ici d'un soundtrack du talentueux STU PHILLIPS.

THE CHARLES BURNETT COLLECTION

A l'instar de cinéastes comme WILLIAM GREAVES, LARRY CLARK, ou WARRINGTON HUDLIN, CHARLES BURNETT s'inscrit comme l'un des pionniers oublié du septième art afro-américain indépendant, un genre très en marge du système hollywoodien que l'intelligencia des cinéphiles se devait de réhabiliter de toute urgence. Il aura fallu ainsi attendre trente années, pour que le très confidentiel KILLER OF SHEEP (1977), premier long métrage de BURNETT, se voit finalement offrir une large distribution en salle aux USA, à la juste mesure de sa très bonne réputation.
Milestone s'est chargé dans la foulée d'éditer un double DVD, où KILLER OF SHEEP se voit accompagné d'une sélection de films particulièrement représentatifs de l'univers très riche de l'artiste qui inventa le cinéma néo-réaliste afro-américain. Ce sont donc quatre courts métrages (incluant son tout premier essai SEVERAL FRIENDS 1969), ainsi que le second long métrage du réalisateur, MY BROTHER'S WEDDING (un film de 1983, proposé ici sous deux montages), qui viennent enrichir un package unique en son genre.
Sobre à l'extrême dans son propos, et détaché de toutes considérations commerciales, le cinéma sociologique de CHARLES BURNETT, qui se veut être une anti-thèse de la blaxploitation, nous montre à la façon d'un documentaire, la vie dans les banlieues noires de L.A., dans sa forme la plus réaliste, à des années lumières des fictions romancées mettant en vedette des personnages de gangsters glamours. Le réalisateur, en véritable ethnologue, évite ainsi la facilité de tomber dans le mélodrame, et nous offre aux travers de scènes de la vie courante des habitants des quartiers de Watts, une vision toujours très humaine du ghetto, sans jamais céder à aucun artifice narratif trop facile. L'oeuvre pleine de sincérité de BURNETT, pouvant sembler au premier abord un peu ardue et dépressive, nous offre aujourd'hui l'un des rares témoignages cinématographiques non biaisés, décrivant avec la plus grande justesse les conditions de vie des noirs américains dans les faubourgs populaires de la cité des anges, à l'aube des années 80. Un cinéma de toutes les franchises, à découvrir en toute simplicité, avec un regard neuf, débarrassé de tous stéréotypes et préjugés...

SESAME STREET OLD SCHOOL 1969-79

Après presque quarante années de présence sur le petit écran américain, l'une des plus populaire émission destinée aux enfants, méritait bien qu'on lui consacre sa petite rétrospective. C'est chose faite, avec les deux coffrets DVD sortis chez Genius Entertainment, qui compilent avec une certaine malice le meilleur des 10 premières saisons (1969-79) d'un programme qui aura très largement contribué par sa pédagogie à faire tomber les barrières du racisme et de l'intolérance aux Etats Unis. Rappelons que SESAME STREET (qui propose une version assez différente de l'adaptation 1 RUE SESAME qui fit les beaux jours de la télévision française à la fin des années 70) avait offert, dès la fin des années 60, la reconnaissance aux minorités noires et hispaniques des classes populaires, une véritable révolution dans le paysage audiovisuel US de l'époque.
Les épisodes pilotes des 10 premières saisons, longs d'une heure, sont ici proposés dans leur intégralité, accompagnés d'une très large sélection des meilleurs moments de la série. Des cartoons et des animations rétros destinés à apprendre à compter et à lire aux plus jeunes, alternent ici avec des petits reportages éducatifs et des sketchs comiques, mêlant acteurs (incluant le très populaire Gordon alias ROSCOE "WILLIE DYNAMITE" ORMAN) et marionnettes créées par le grand JIM HENSON. Dès les premières années de l'émission, à l'instar de Kermit la grenouille, on a donc la surprise de redécouvrir ici quelques personnages qui figureront par la suite au générique du fameux MUPPET SHOW, dont l'humour dévastateur est largement annoncé dans certaines parodies jouées par ces puppets déjantées. Mais au final ce sont toujours les gentilles stars pelucheuses du show, Ernie & Bart, Cookie Monster et Grover, qui volent invariablement la vedette au sympathique batracien, en nous réservant les meilleurs gags et les parodies les plus hilarantes (voir par exemple le sketch où Cookie Monster imite ISAAC HAYES, pour une relecture très personnelle de SHAFT). Et comme si celà ne suffisait pas, de nombreux guests viennent pimenter le programme, au nombre desquels on citera PAUL SIMON, LENA HORNE, BILL COSBY, RICHARD PRYOR, HENRY WINKLER et RON HOWARD de la série HAPPY DAYS, JESSE JACKSON (qui nous replonge ici dans l'univers militant de WATTSTAX avec son fameux "I am somebody"), les POINTER SISTERS, RAY CHARLES, JAMES EARL JONES, JOHNNY CASH, le groupe de gospel soul LISTEN MY BROTHER, LOU RAWLS, RICHIE HAVENS, MADELIEN KAHN, JACKIE ROBINSON, BATMAN & SUPERMAN (dans leurs versions cartoons), les acteurs de la série BONANZA, et des échappés du programme humoristique LAUGH-IN...
Ces deux rééditions DVD très bien conçues achèveront donc de vous convaincre qu'il n'est jamais trop tard pour retomber en enfance....

GRINDHOUSE UNIVERSE

Ban1 Productions, le petit éditeur indépendant qui avait lancé la toute première compilation de bandes annonces 42nd Street (une collection aujourd'hui reprise par Synapse), revient avec un tout nouveau disque proposant une des plus longue sélection de trailers bis vintage jamais couchée sur support DVD; soit un programme de 2h40 qui ravira tout autant les fans de films d'horreur, les férus de blaxploitation (signalons du très rare ici avec HONKY, BLACK ANGELS et SWEET JESUS PREACHERMAN), les amateurs de films de bikers, les collectionneurs de nudies, les drogués de documentaires mondos, et plus généralement, tous les adeptes d'un cinéma d'exploitation où toutes les excentricités semblent permises (warf... Ce DOBERMAN GANG...).
En comparaison avec la collection 42nd Street, les menus de ce DVD Grindhouse Universe frisent certes un peu l'amateurisme, et on notera également que certaines trailers proposées ici sont particulièrement sombres, mais eu égard à la rareté d'un grand nombre de ces films publicitaires (pris directement sur les bobines cinéma), qui sont visibles ici pour la toute première fois en vidéo, voilà bien deux défauts que l'on qualifiera de très mineurs, pour un DVD limité à seulement 1000 exemplaires, qui sera certainement très vite appellé à devenir collector.
Le DVD contient les bandes annonces suivantes : Horror House, Curse Of The Crimson Altar, The Crimson Cult, Night After Night After Night, Camille 2000, Little Mother, Slave Trade In The World Today, Taboos Around The World, Macabro, Pornography In Denmark, Grolsch Beer (2 versions), Female Animal, Tales Of The Deans Wife, The Minx, You All Come, Kama Sutra (2 versions), Sexcapade In Mexico, The Dirty Mind Of Young Sally, The Doberman Gang, Evil In The Deep, The Dog, The Pack, Barracuda, Survive!, Tintorera, Black Angels, Devil Rider, Outlaw Riders, Road Of Death, Mark Of The Vampire/The Mask Of Fu Manchu/Dr Jekyll & Mr Hyde, The Frozen Death/It!, Frankenstein Meets The Space Monster/Curse Of The Voodoo, American Fever, Record City, Peter Stuivesant, Das Lied Der Balalaika, Les Petites Filles Modèles, Sweet Jesus Preacherman, Honky, The Blood Rose, Fright, Superchick, Deep Throat Part II, Little Laura & Big John, The Creeper, Rituals, Teasers Go To Paris, Hots, Cinderella, The Student Story, Commuter Husbands, Sixteen, Invasion Of The Bee Girls, The Town That Dreaded Sundown, The Diamond Mercenaries, Dr Butcher M.D., Emanuelle Françoise, Emanuelle And The Last Cannibals, The Grim Reaper.